le 8 février 2020
L’ASSOCIATION DACORPS SOUTIENT
LES « 10 JOURS POUR VOIR AUTREMENT »
QUI AURONT LIEU CETTE ANNÉE A CHATOU
DU 23 MARS AU 1er AVRIL 2020
Pourquoi ne faut pas être trop enthousiastes quand vos enfants sont des as de la tablette ?
Ou réflexion pour améliorer notre utilisation de écrans pour nos enfants.
Psychologue pour enfants, j’ai décidé de vous parler dans cet article de l’initiative d’une jeune mère de famille et présidente d’association, Nathalie Moulin, à l’initiative de la création de l’association 10 jours pour voir ses écrans autrement et de résumer quelques-unes des questions qui se posent autour de l’utilisation des écrans.
L’association 10 jours pour voir autrement (changeons nos habitudes ensemble), organise, en partenariat avec la commune de Chatou, et pour la 3ème année consécutive, un défi : 10 jours pour voir ses écrans autrement.
« Il s’agit d’essayer d’éteindre ou de limiter les écrans en participant à 10 journées d’activités sportives, créatives, ludiques, culturelles et de bien être proposées gratuitement par nos partenaires et ouvertes à tous… »
https://10jourspourvoirautrement.wordpress.com/
REGROUPONS-NOUS ET RENCONTRONS NOUS pour nous aider à avancer dans ce délicat questionnement de l’utilisation de nos écrans avec nos enfants.
Nous avons besoin les uns des autres, à la fois pour nous informer mais aussi pour nous soutenir et avancer ensemble.
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Augmentation de retards du langage, troubles du sommeil, de la vision, difficultés à interagir, problèmes d’attention et de concentration : voici des constats clairement et distinctement repérés depuis plusieurs années par les professionnels de la petite enfance.
68% de enfants de 2 ans regardent la télévision
12% jouent avec un ordinateur ou une tablette
10% jouent avec un téléphone mobile
Et pourtant, les professionnels de la petite enfance s’accordent sur la nécessité de l’activité de l’enfant, de la motricité, du jeu et bien entendu de la relation humaine.
« Construire avec le bébé un lien d’accordage, répondre à ses nombreux besoins, l’accompagner progressivement vers la capacité et le plaisir à jouer seul… Cela est parfois difficilement compatible avec les rythmes, les conditions de vie et les préoccupations quotidiennes des parents. »
Alors faisons un point , en 4 points, sur la situation en lien avec le développement de l’enfant
Face à la multiplicité des écrans dans leur environnement, les enfants se retrouvent facilement touchés par la dépendance. Il suffit pour s’en convaincre d’observer la réaction d’un enfant qui se retrouve privé de son écran : pleurs, colère, cris, voire crises, ne sont pas rares.
C’est pourquoi il est essentiel qu’ils soient guidés et accompagnés par des parents avertis sur les problèmes qui peuvent se poser.
1 – L’effet surstimulant de certains programmes est un premier élément à considérer. A la télévision, sur les tablettes, les portables, les écrans proposent des contenus réalisés pour maintenir l’attrait des jeunes spectateurs par des sons variés et plus ou moins stridents, des couleurs vives et changeantes, des mouvements nombreux et attractifs.
Ils exercent une hyper stimulation visuelle et auditive bien supérieure au monde réel.
Leur utilisation trop fréquente empêche l’enfant de se tourner vers des activités plus structurantes.
Or tout ce temps hypnotisé par l’écran n’est pas utilisé pour les apprentissages de base essentiels de l’enfant. Car apprendre pour le jeune enfant c’est bouger, expérimenter, imiter, comparer, construire, se tromper, recommencer. Sont impliqués dans l’apprentissage toutes les sphères du cerveau qui se développent en interrelation étroites les unes avec les autres et dans un ordre qui respecte le rythme du développement.
C’est-à-dire que le petit enfant a besoin d’activités où il puisse focaliser son attention sur un stimulus plus neutre : cubes, livre d’images, objets à manipuler, observations, jeux, toutes activités impliquant l’engagement des 5 sens.
La possibilité de focaliser son attention dans l’apprentissage est primordiale pour que des schèmes sensori-moteurs se mettent en place.
Les écrans, s’ils proposent des images gaies, dynamiques, rythmées, (les images d’un écran changent toutes les 4 secondes), ne permettent pas au très jeune enfant de fixer son attention car ils contiennent trop de stimuli.
La perception des objets, la compréhension de leur fonctionnement, de leur propriété physique ne peut s’expérimenter que dans le contact avec ces objets. Ainsi, les habiletés de coordination visuo-motrice (les mouvements du corps s’effectuent en fonction des informations visuelles perçues), de motricité fine (les mouvements de la main et des doigts pour atteindre, toucher, agripper, tenir un crayon, découper, …), de préhension (tenir un crayon, déplacer un objet, dessiner de petites figures, utiliser la pince pour tenir, agir, être acteur)
Or devant l’écran, l’enfant ne dirige pas son attention. Il est absorbé, hypnotisé par des images et des sons. Mais ces images, même si elles proposent des jeux éducatifs, ne peuvent constituer un apprentissage pour construire une perception entière des objets qui entourent l’enfant.
2 – Un autre point important concerne les interactions précoces.
Les premières années, toutes ces interactions permettent de construire des habiletés essentielles à la suite du développement. Elles se réalisent dans un échange direct avec les parents, les adultes, les autres enfants.
Or, les interactions observées sur un écran ne sont pas réelles et n’apprennent pas à l’enfant à être. Ils ne lui apprennent pas à partager, apprendre les codes sociaux, comparer, observer les différences, les accepter les différences.
Un enfant devant un écran ne cherche pas à communiquer. Les interactions sont réduites et un excès d’utilisation d’écran pourrait l’amener à se replier sur lui-même. Soyons vigilant.
Le langage de l’enfant se construit dans les échanges avec ses parents, ses frères et sœurs, ses grand parents…
Une étude canadienne récente établit clairement en lien entre le retard dans l’apprentissage du langage et le temps passé devant un écran. Oui le temps passé devant ces appareils influence l’âge auquel les enfants maîtrisent la parole.
Car face à un écran, l’enfant est passif. Il peut répéter ce qu’il entend mais n’est pas corrigé ni motivé par le désir de communiquer. Et l’apprentissage du langage chez le tout petit est un acte actif où l’enfant, en répétant, en étant stimulé par son entourage, va découvrir la fonction du langage ; montrer, demander, exprimer son ressenti, (faim douleur, désir, peur, besoin d’être rassuré). Son environnement lui répond, l’encourage et l’aide en soutenant ses efforts pour parler. Tout ceci est une étape très importante dans le développement de l’enfant.
Enfin, le dernier point et pas le moindre.
3 – L’enfant a besoin d’un attachement, d’un sentiment de sécurité intérieur pour aller à la découverte de son environnement et mettre en place les premières assises de la confiance en soi.
Il est donc important qu’il développe l’ensemble de ses sens aux côtés de personnes réelles afin qu’il puisse s’identifier à celles-ci plutôt qu’à des personnages fictifs de télévision.
Ce sentiment de sécurité, cette sensation d’être rassuré, réconforté, s’acquièrent grâce aux interactions avec les figures parentales.
Une exposition trop régulière à la télévision ou à l’ordinateur entraîne un manque d’activité physique (et sportive) et une réduction des interactions avec les parents.
Et il est avéré que les enfants qui passent beaucoup de temps sur les écrans ne lisent pas…
Et pour les adultes ? les écrans c’est moins d’exercice et moins d’interactions au sein de la famille.
Voilà beaucoup de questions restent en suspens dans cette évolution rapide du monde numérique dans notre univers
Ce qui est certain c’est que le temps passé sur les écrans pénalise celui de la vraie vie.
Alors quelles réponses à la question : comment utiliser les écrans avec les enfants ?
Eh bien à chacun de construire sa réponse. En s’informant, et en étant attentif à notre utilisation afin qu’elle soit mesurée et adaptée aux besoins des enfants.
“Le temps doit être contrôlé par les parents et le temps doit être réduit parce que l’enfant ne sait pas réduire lui-même le temps d’écran”.
4 – Alors quelles règles adopter ?
- Aucun écran avant 18 mois
- Pour les tout-petits: toujours sous la surveillance des parents, adultes avec des règles de restriction clairement établies dans le temps
Pas plus de 30 minutes par jour
- pour apprendre à partir de 6 ans très modérément avec des supports sobres et épurés afin de ne pas distraire l’attention des enfants.
- pour jouer: des temps réduits à partir de 6 ans, soigneusement surveillés
- par exemple les 4 PAS pour réguler les temps d’écran dans la semaine :
PAS le matin – PAS pendant les repas –
PAS dans la chambre de l’enfant – PAS avant de se coucher
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A chacun de s’informer et de choisir ses écrans sans faire écran à la vraie vie !
Quelques références à titre indicatif
- Elena PASQUINELLI : chercheuse italienne – la main à la pâte
comment utiliser les écrans en famille. Petit guide à l’usage des parents 3.0. Odile Jacob, 2018.
- Dr Anne Lise DUCANDA : médecin généraliste PMI
- https://www.youtube.com/watch?v=U4aVVUkBPVc
- Sabine DUFLO : psychologue clinicienne, thérapeute familiale
Quand les écrans deviennent neurotoxiques, protégeons le cerveau de nos enfants, Marabout, 2018
- Les 4 PAS : les 4 temps où il faut absolument éviter les écrans
http://www.surexpositionecrans.org/les-4-pas/
- Boris CYRULNIK – neuropsychiatre
https://www.youtube.com/watch?v=3dHpdIFz0HQ
- Bruno HARLE – Pédopsychiatre
- Et pour la question de l’attention : Jean Philippe Lachaux, chercheur , projet ATOLE : l’attention à l’école. Des pistes intéressantes pour aider nos enfants, nos élèves à distinguer ‘attention flottante de l’attention focalisée et comment les mettre en œuvre grâce à des outils concrets
cf le cerveau attentif
cf les petites bulles de l’attention
Et en médiathèque…
Einath Mevel
Psychologue